Histoire de pogne...

Publié le par Paul Bonhomme

Histoire de pogne...

Tiens, j't’ai tendu ma main tout à l'heure.

Je m’suis surpris à t’tendre ma main, comme j'ai touché du doigt un souvenir, à l'aveugle.

C'est pas commun de tendre une main d'nos jours, c'est devenu illicite ou faible, douteux. Ou alors ta pogne, tu la tends pour récupérer vite fait quelque chose et pour te l'fourrer dans ta poche à la volée ... alors là oui, c'est normal, concevable.

Contourner, utiliser, manipuler c’est convenable voyez-vous. Vouloir ce qu’a l’autre, le voisin, le plus jeune, le plus vieux. Ou, mieux : avoir ce qu’il veut ! Voir l’envie au fond de ses yeux. Ça ! Ça vaut quelque chose ! Ça ça t'donne l’impression d’exister pour de vrai, un peu plus et beaucoup mieux. 

 

C'est peut-être là que le bas blesse, là qu’on touche le fond. J'ai toujours cru que la bonté de l'homme résidait dans sa capacité à donner. J'ai cru, même naïvement, qu'on pouvait définir l'homme ainsi : social et généreux. A présent qu’on ne donne plus rien comment nous définir ? A présent qu’au fond de nous on garde même jusqu’à l’amour en coeur, au creux.

 

J’t’ai tendu ma main et tu l’as pas prise, t’as cru à une farce, foireuse que j'aurais commise. Tu sais de celui qui tend sa main et qui finalement la porte à ses cheveux dans un sourire cynique.

J’ai pas d’cheveux.

En fait c’est peut-être ça au fond l’humanité : une farce foireuse ?

 

Avoir donne l’impression d’exister alors qu’à la fin c’est ce qu’on donne qui a existé et qui continue dans le temps, de nous définir.

J’t’ai tendu ma main, tu l’as pas prise. Mais j'continuerai à t’la tendre au cas où un jour, t’ais envie de remonter du fond, au cas où t'ais envie un jour, d'éviter le pire.

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